MENU

Origines européennes

View english version

Histoire du nom Leclerc

Ce patronyme provient du nom clerc, 'clerc (tonsuré) jouissant du privilège de clergie'. Au fil des ans et selon l'entendement des curés et des notaires, la graphie de certains patronymes est modifiée.

Voici les variantes orthographiques : Leclerc, Le Clair, Leclair, Leclaire, Leclercq, Leclère, Le Clère.

Le patronyme FRANCOEUR Leclair (ou Leclerc), très populaire en France, possède en Nouvelle-France plus d'une dizaine de porteurs fondateurs différents.

Jean Leclerc dit Francoeur

Jean Leclerc était un breton né à Saint-Nicholas-de-Redon, Évêché de Nantes, en Loire-Atlantique dans une agglomération à la jonction de deux régions, la Bretagne et les Pays de la Loire. Malgré tout le mal que s'est donné madame Luce Jean Haffner (1925-2020) pour trouver l'acte de baptême de Jean Leclerc et celui du mariage de ses parents Jean Leclerc et Perrine Merceron, les résultats escomptés n'ont pratiquement rien donné. Un acte de baptême, inscrit le 6 décembre 1643, d'une Perrine Merceron, fille de Jean Merceron et de Jeanne Bernard, filleule de Bernard Merceron et de Perrine Verger, s'avère le seul prix de consolation de cette patiente et recherche. Selon nos renseignements canadiens, Jean Leclerc serait né vers 1659.

Le soldat

Un grand nombre de nos premiers ancêtres vinrent ici comme soldats. Tous, à quelques exceptions près, portaient un surnom. Jean Leclerc dit Francoeur s'enrôla sous les drapeaux de son pays, à une date qui nous est inconnue. Au Canada, nous savons qu'il avait comme capitaine de sa compagnie Pierre-Louis DeCloche ou DesCloches. Ce militaire assiste aux funérailles d'Abraham Chartron, le 10 décembre 1684, à Sainte-Famille de l'Île d’Orléans. Les années suivantes, jusqu'en 1691, nous le retrouvons plusieurs fois à Laprairie tout comme Jean Leclerc dit Francoeur, témoin à des mariages ou à des sépultures.

Le soldat Jean Leclerc dit Francoeur, âgé de 32 ans en 1691, donne à penser  qu'il est un vieux troupier et qu'il est dans la Colonie depuis quelques années. Mais aucun indice sérieux ne vient étayer cette hypothèse. 

En 1690, Sir William Phips, avec 32 vaisseaux de toutes sortes, 900 marins et 1,300 hommes de la milice, attaqua Québec, le 16 octobre, en faisant un débarquement à Beauport. Quatre jours plus tard, c'était l'échec et mat. Il y eut tout de même des blessés et des morts. Est-ce que Jean Leclerc était à Québec durant ce moment crucial de notre jeune histoire? Peut-être. Et voici pourquoi. À l'Île d’Orléans, lorsque le missionnaire Jean-Henri Tremblay rédige l'acte de mariage de Jean Leclerc, dit Francoeur et de Marie-Madeleine Langlois le jeudi 22 novembre 1691, il donne les précisions suivantes: Jean Leclerc dit Francoeur, étant âgé de 32 ans, demeurant à la Sainte-Famille depuis huit mois quoique soldat de la compagnie de M. DesCloches, capitaine dans le détachement de la Marine en Canada. Jean Leclerc vivait donc chez un habitant de l'Île d’Orléans depuis le mois de mars 1691. À la fin de 1690, il devait donc être à Québec comme défenseur de la ville. Les soldats, à l'époque, n'avaient pas de belles casernes comme aujourd'hui. Durant la saison morte, même soldés, ils vivaient souvent chez un habitant en payant leur pension ou en gagnant leur croûte par divers travaux utiles. Pourquoi Francoeur avait-il passé la belle saison à l'Île d’Orléans? Avait-il été blessé? Est-ce que dans la capitale les besoins militaires étaient moins grands?

Toujours soldat, Jean Leclerc a obtenu la permission du comte de Frontenac pour se marier. À cette époque, il fallait la permission des autorités pour qu'un soldat ou un officier puisse se marier. De plus, des témoins, qui ne sont pas nommés et qui connaissent le candidat au futur mariage ont certifié que Jean Leclerc dit Francoeur était libre et qu'il n'était pas marié en France.

Marie-Madeleine Langlois (baptisée le 3 juin 1674 à Sainte-Famille), 17 ans, était fille orpheline de Jean Langlois, dit Boisverdun, et de Charlotte-Françoise Bélanger, petite-fille du normand Noël Langlois et de Françoise Grenier, belle-fille de Thomas Rousseau remarié à Charlotte-Françoise Bélanger depuis le 4 septembre 1691.

Jean et Marie-Madeleine reçoivent donc la bénédiction nuptiale dans l'église de Saint-Pierre, en présence du capitaine DesCloches venu pour la circonstance, du beau-père Thomas Rousseau, du frère Jean Langlois et de deux habitants de l'endroit: Claude Guyon et Gabriel Lachance. L'on sait que le capitaine DesCloches, le 13 novembre précédent, était à Laprairie pour la sépulture d'un enfant de Charles-Gaspard Plot, sieur de L'Angloiserie, lui aussi capitaine d'un détachement de la marine. L'autoroute rapide de l'époque, c'était le fleuve Saint-Laurent.

Où les Francoeur ont-ils vécu leur première année de mariage? Probablement chez Thomas Rousseau. Qui dit mieux?

Port-Joly

La paroisse actuelle de Saint-Jean-Port-Joly comprend le territoire situé entre Saint-Roch-des-Aulnaies au nord-est et L'Islet au sud-ouest, soit le fief de L'Islet-à-la-Peau et la seigneurie du Port-Joly. Le fief de l'Islet-à-la-Peau (aussi connu sous le nom de Demi-Lieue ou de fief Rhéaume) fut la propriété de Marie-Anne Juchereau de Saint-Denis, veuve François Pollet. La seigneurie du Port-Joly a été concédée le 25 mai 1677 par Frontenac à Noël Langlois dit Traversy, oncle de Marie-Madeleine Langlois dit Boisverdun. Le premier seigneur Langlois, plutôt pauvre, après dix ans, vend sa propriété de deux lieues de front sur le fleuve à Charles Aubert, sieur de LaChesnaye, le 19 novembre 1686. Ses deux premiers censitaires sont Joseph Caron, charpentier, et Nicolas Durand, mentionnés au recensement de 1681.

Ce préambule nous aide à comprendre l'arrivée de Jean Leclerc dit Francoeur à Port-Joly, vers 1693. L'ancêtre avait été démobilisé très probablement en 1692. Il avait alors obtenu, verbalement peut-être, une concession de LaChesnaye dans la seigneurie de Port-Joly, propriété voisine des Durand. Ce n'est que le 20 octobre 1704 que des précisions importantes sont divulguées. Après la mort du seigneur Aubert, Guillaume Gaillard curateur de la succession, met de l'ordre dans les papiers du défunt. Il utilise un billet de concession daté du 7 février 1695 par lequel Jean Leclerc dit Francoeur obtenait la permission d'exploiter une terre. Le 20 octobre 1704, Gaillard concède donc officiellement à Jean Leclerc dit Francoeur présent et acceptant, une terre située à Port-Joly contenant 6 arpents de large sur 40 de profondeur (mesure de longueur valant environ 58.47 m, ou 191.8 pieds). Sont attachés à la concession les droits de chasse et de pêche et obligations de donner chaque année 6 livres de rente, 6 sols de cens et un chapon d'une valeur de 20 sols.

La Francoeurie

Les Leclerc et les Francoeur ne descendent certes pas tous de Jean Leclerc dit Francoeur et de Marie-Madeleine Langlois, mais en peut être certain que tous les Leclerc dit Francoeur (et vice-versa) descendent d'eux.

La première francoeurie canadienne se compose de neuf membres bien identifiés:

  • Joseph
  • Jean-Baptiste
  • Marie-Madeleine
  • Geneviève
  • Les jumelles Hélène et Cécile (ondoyées à la maison le 27 février 1702)
  • Étienne
  • Joachim
  • Louis

Les trois premiers possèdent leur acte de baptême à Cap-Saint-Ignace; les autres à L'lslet. Ce n'est qu'en 1738 qu'une petite chapelle fut construite à Port-Joly. Quant aux registres, ils furent ouverts beaucoup plus tard.

Jean-Baptiste, baptisé le 19 avril 1695, n'a pas laissé d'autres signes de vie.

Le cadet Louis, filleul de Louis Bélanger est décédé à l'âge de 12 ans le 7 juillet 1709.

Le même jour le 24 novembre 1727 à I'Islet, trois filles Francoeur célèbrent leur mariage: Marie-Madeleine (avec Jean Boucher), Hélène (avec Pierre Saint-Pierre) et Cécile (avec François Jean). Les trois couples cumulèrent ensemble 25 rejetons.

Quant à Geneviève, elle donne son coeur à Augustin Duval dit Dupaulo, le 7 janvier 1730, à I'Islet.

Marguerite Durand, une voisine, prend comme mari l'aîné Joseph Francoeur, le 20 novembre 1724. Mariage à I'Islet et père de 9 enfants, il est enseveli le 11 janvier 1759.

À La Pocatière, le 3 février 1733. Marie-Claire Thiboutot célèbre ses noces avec Étienne Francoeur, 28 ans. Le couple s'est rendu responsable d'une douzaine de rejetons. Joachim Leclerc, dit Francoeur, va chercher sa compagne de vie chez les Soucy, à La Pocatière. Mariage de Joachim et de Catherine, veuve de Jean-Baptiste-Louis Moreau, le 24 novembre 1738. Joachim, père de 11 enfants, est inhumé à La Pocatière, le 4 juillet 1772. La troisième génération présente à la société 64 sujets. Un succès.

Nombreux horizons

Jean Leclerc avait vu le jour à St-Nicholas de Redon, Évêché de Nantes, dans la Loire-Atlantique près de la Bretagne. Le plus long fleuve au Canada, le Saint-Laurent de l'Île d’Orléans et du Port-Joly fut son horizon. En 1709, il quitte les siens pour un nouvel horizon. Décédé le mardi 8 janvier ses funérailles n'eurent lieu que le 11 du même mois. Était-ce un temps de tempête? Est-ce qu'il fut difficile de rejoindre le curé de Cap-Saint-Ignace? L'abbé Yves Leriche, le vendredi, préside les obsèques, à L'Islet. Jean laisse derrière lui une jeune famille, une épouse âgée de 39 ans. Un fils posthume, Louis, naîtra le 26 juin de la même année.

Comment Marie-Madeleine Langlois réussit-elle à vivre et à survivre? Tous les enfants s'unirent pour aider leur mère. Tous, ils tardèrent à contracter mariage.

Le 21 octobre 1701, Marie-Madeleine Langlois avait vendu sa part d'héritage ou portion de terre: 3 perches et 11 1 /2 pieds en largeur à son frère Pierre Langlois sur le point d'épouser Marie-Angélique Baillargeon à l'Île d’Orléans. Elle avait alors reçu 100 livres comptants et la promesse de 200 autres à recevoir en deux termes égaux.

La mère de Marie-Madeleine avait convolé en secondes noces avec Thomas Rousseau, père de 11 enfants, le 4 juillet 1691, à Saint-Pierre de l'Île d’Orléans. Geneviève Langlois, soeur de veuve Francoeur, avait pris comme époux le normand Guillaume Levitre, charpentier de navire, le 27 novembre 1690. Par héritage, en 1710, madame Leclerc possède encore 3 perches 2 pieds 3 pouces en terre paternelle, paroisse Saint-Pierre de L'Ile. Le 23 octobre, elle le vend à son beau-frère Levitre cette fraction de ferme. Prix: 110 livres dont 60 comptant en monnaie de carte.

Quelques notes

Vente d'une part de terre située en l'île et comté St Laurans, paroisse Saint Pierre; par Madeleine Langlois, veuve de Jean Leclerc, de Port Jolly, à Guillaume Levitre, maître charpentier, de la ville de Québec. Réf.: Le Parchemin, 23 octobre 1710 (Qc), doc. # 17101023PA000558, Chambre des notaires du Québec.

L'on rappelle que, faute de chirurgien à Port-Joly, Marie-Madeleine Langlois était sage-femme.

En 1723, la propriété Francoeur possède: maison, grange, étable, 28 arpents de terre labourable et 4 de prairie.

La reine du foyer Leclerc a survécu 32 ans, après la mort de son mari. Elle fut inhumée à L'Islet, le mardi 5 septembre 1741.

Bibliographie

Greffe Chambalon. 21 octobre 1701: 20 octobre 1704; 23 octobre 1710.

Jetté, René, Dictionnaire généalogique des Familles du Québec (1983), p. 676.

Lafontaine. André, Recensement annoté de la Nouvelle-France 1681 (1986). p. 195.

Ouellet, Gérard, Ma Paroisse Saint-Jean Port-Joly (1945). pp. 9 13, 15, 18, 29.

Ray, Léon, Les Terres de la Grande-Anse des Aulnaies et du Port-Joly (1951), pp. 215, 260-63, 270, 271, 276, 278.

Tanguay, Cyprien Dictionnaire Généalogique des Familles canadiennes (1888), vol. 5. pp. 236-240.




Une réalisation de Weblex Design